Article
French
ID: <
10670/1.rkrs90>
Abstract
Nombre d’analystes font une interprétation géopolitique des relations énergétiques entre la Russie et l’Union européenne. Ces approches, fondées sur une vision réaliste des relations internationales, présentent volontiers Gazprom comme un instrument de pouvoir aux mains du Kremlin et comme une source de danger pour l’indépendance de l’UE. Dans cet article, nous entendons montrer que l’idée très géopolitique d’un rapport frontal entre l’UE et la Russie ne rend que partiellement compte du comportement des acteurs impliqués dans cette relation. Dans son déploiement international, Gazprom, en quête de rentabilité et de sécurisation de ses débouchés, répond aussi à des logiques industrielles et économiques. Par ailleurs, bien que son statut d’acteur des relations internationales soit désormais incontestable, l’Union européenne n’existe pas encore en tant qu’acteur énergétique. Elle est traversée par de nombreuses divisions internes qui rendent son discours peu lisible pour les partenaires extérieurs. La Commission européenne est porteuse d’un modèle d’intégration énergétique que certains pays membres, la Russie et de nombreuses entreprises énergétiques acceptent mal.