Thesis
French
ID: <
10670/1.ry3yfv>
Abstract
Cette étude propose d’explorer les œuvres de Jonathan Safran Foer, Daniel Mendelsohn, et Art Spiegelman, à travers la notion de trace, principe fondateur de l’esthétique et de l’éthique des écritures de l’après-Shoah. L’expérience lacunaire de ces « générations d’après » implique la présence d’une « postmémoire », dont le caractère « différé » sollicite le travail de l’imagination et informe la démarche créatrice de ces artistes et écrivains de l’après, qui reconstruisent le passé de leurs familles. Ces récits de la hantise sont marqués par une « mémoire trouée », et découlent souvent d’une rupture de la filiation, donc d’une défaillance de la transmission. Engagés dans une quête de savoir, narrateurs et protagonistes interrogent l’événement à partir de traces matérielles, ainsi qu’au travers de retours, réels et imaginaires, sur les lieux de l’origine. Ces récits sont composés de matériaux hétérogènes qui créent des ruptures visuelles, et sont informés par divers dérèglements temporels : désordres, disruptions chronologiques, latence et répétition – tous symptomatiques de l’après-coup du trauma. Ces textes postmémoriels posent enfin la question de l’éthique de la représentation. Performativité de la langue, fictionnalisation de l’Histoire, et enjeux de la transmission sont au cœur de ces œuvres en devenir, et interrogent l’éthique de la responsabilité de leurs auteurs, entre passation et travail de deuil.