Nous proposons de restituer la procédure et une partie des résultats d’une recherche qualitative sur l’entrée en délinquance et la socialisation juridique de 42 mineurs incarcérés. L’approche compare deux groupes: des jeunes « d’origine française» et des jeunes « d’origine maghrébine». Les résultats de ce travail réfutent le point de vue essentialiste de la délinquance juvénile. En effet, nous relativisons en partie le nombre de mineurs d’origine maghrébine et leur surreprésentation en prison. Au-delà, nous développons l’idée que le sens de l’entrée en délinquance des jeunes d’origines culturelles différentes est à rechercher – au-delà des stigmatisations différentielles marquant la réaction sociale – dans les contextes relationnels, toujours singuliers, auxquels ces mineurs sont individuellement exposés dans la durée. La retraduction personnelle à partir de laquelle ils en construisent une représentation dépasse un quelconque déterminisme. Par ailleurs, le concept de « ductilité nomique», développé dans le cadre de la recherche, rend compte de cette appropriation singulière de la réalité sociale.