Eric Duyckaerts est connu pour ses performances et œuvres vidéos pseudo-théoriques : artiste-conférencier, ses premières œuvres consistaient en des démonstrations à la limite de l'aberration sur des thèmes parfaitement sérieux. Formé au droit mais aussi à la philosophie, il publie en 1992 son premier livre intitulé Hegel ou la vie en rose, aux éditions Gallimard. Après avoir été chargé de cours en " sémiologie de l'image et du son " à l'Université de Vincennes à la fin des années 80, Duyckaerts enchaîne les publications universitaires ou critiques tout en présentant ses premières conférences loufoques dans le milieu de l'art. Aujourd'hui enseignant à la très conceptuelle Villa Arson, il a représenté la Belgique en 2007 à la Biennale de Venise, consacrant la logorrhée théorique comme une forme artistique. Ces exemples de textes performés, la plupart jouissifs et pourtant incompréhensibles, ne manquent pas. Le cas de la vidéo Rudolf Carnap (1993) en ce sens est tout à fait significatif et les talents d'acteur de Duyckaerts parviennent à insinuer chez le spectateur l'idée d'une possible authenticité du discours. La jouissance de l'artiste dans la pratique du discours théorique prend alors toute son ampleur lorsque d'un vague charabia qui multiplie les contresens, on passe à une démonstration visuelle qui prend appui sur des schémas et des grands gestes censés appuyer le propos du philosophe allemand positiviste. Tantôt rappeur acerbe s'en prenant au dogmatique Kant, tantôt artiste ventriloque s'essayant au dessin, Duyckaerts manipule l'émotion esthétique à travers le langage, le jeu d'acteur et l'absurdité des discours trop grandiloquents.