Thesis
French
ID: <
10670/1.ss2e67>
Abstract
Certaines œuvres de danse contemporaine (ou pluridisciplinaires) programmées dans les salles de spectacle françaises semblent conçues pour atteindre le spectateur et le faire vaciller en troublant ses repères moraux, sa stabilité émotionnelle voire son confort physique. Ces productions artistiques rencontrent de vives oppositions au sein de la presse qu’elle soit généraliste ou spécialisée en danse. Elles sont aussi la cible d’une dévalorisation moins visible, celle des esthéticiens qui les situent à la marge des esthétiques chorégraphiques légitimes. On leur reproche les violences qu’elles exerceraient sur les interprètes et l’agressivité qu’elles déploieraient à l’encontre du public. Ces condamnations, sous forme de procès d’intention, visent les artistes, les amateurs de ces représentations, mais aussi les danseurs qui la font exister sur scène. Elles se formulent au moyen d’éléments de langage voisins et suivent des logiques argumentatives similaires quels qu’en soient les émetteurs. Le canevas de cette rhétorique dépréciative est tissé de lieux communs qui lui accordent, de fait, une solide immunité contre son examen critique. Aujourd’hui stabilisée, cette typologie des démarches considérées comme fautives continue d’être alimentée par les propos de ceux qui ont la charge de les juger. Dans cette thèse, nous analysons la manière dont, au fil de ces discours d’expertise, se construit un portrait précis de l’œuvre de danse contemporaine délictueuse. Nous interrogeons les répercussions multiples de cette stabilisation du jugement négatif entourant certaines pratiques du regard – désir de montrer, désir de se montrer, et désir de voir les œuvres – et ciblant précisément les pièces chorégraphiques considérée comme violentes.