Article
French
ID: <
10670/1.sso3bk>
Abstract
`titrebRésumé`/titreb Le succès actuel des notions de « brutalisation » des sociétés et de « banalisation » de la violence extrême, introduites par George Mosse, oblige à réexaminer dans leurs spécificités les formes des combats sur chacun des fronts de la première guerre mondiale. Ce devoir d’histoire est d’autant plus impérieux que, de l’idée d’une « brutalisation » collective, on est passé, de façon plus ou moins raisonnée et argumentée, à celle d’un « ensauvagement » individuel. L’article propose de relire les témoignages accessibles d’anciens combattants du front de l’Ouest, en tenant compte à la fois de l’impossibilité d’établir avec précision la proportion de ceux qui se sont trouvés consciemment en situation de tuer, de la variété de circonstances produite par la transformation de la guerre de mouvement en une guerre industrielle, où le premier rôle revient à l’artillerie, du caractère irréductiblement individuel du rapport à l’acte de tuer, enfin du sentiment immédiat de culpabilité que cet acte a pu faire éprouver à ceux qui l’ont commis. Une conclusion au moins paraît s’imposer : la libération de pulsions meurtrières n’a pu concerner, dans cette guerre et sur ce front, qu’une petite minorité.