A partir de mes souvenirs d'enfance dans un village gascon des années 1950, je recherche la présence de la République dans des signes diffus mais efficaces en raison de leur inscription dans la vie quotidienne. Quatre acteurs - la République, l'Ecole, l'Eglise, la communauté locale - s'unissent ou s'opposent autour d'eux. La République est présente dans les repères spatiaux et temporels offerts par l'Ecole : système métrique, heure légale, dont l'adoption va à l'encontre des habitudes de la communauté. Au pôle de la mairie-école, avec son paratonnerre, le sifflet du maître et le canon qui tonne pour le 14 juillet s'oppose celui de l'église, avec sa cloche sonnée pendant les orages ou appelant les écoliers au catéchisme. Le 8 mai et le 11 novembre réconcilient autour du culte des morts l'Eglise et la République, tandis que le 14 juillet rassemble la collectivité autour de l'idée républicaine en laissant à l'écart la référence religieuse. L'accent est donc mis sur des emblèmes républicains qui s'incorporent "naturellement" à une éducation laïque et à la vie ordinaire d'un village peu marqué par les affrontements entre "rouges" et "blancs".