Les Kurdes. Les forces kurdes. Les peshmerga. À la lecture de ces mots, des images de valeureux combattants des montagnes, mais aussi de valeureuses combattantes, des foulards à fleurs dans les cheveux, sont peut-être apparues dans vos esprits. Pourquoi bien souvent, ce sont les idées de répression, mais aussi de bravoure, de nature, d’humanité, de démocratie, d’égalité des sexes, de laïcité, que nous associons automatiquement au terme « kurde ». À quoi est due cette pensée romantique ? Comment, et depuis quand, celle-ci est-elle née ? Si depuis quelques années, un ensemble de productions médiatiques, littéraires, cinématographiques, ont véhiculé cet imaginaire, les contours de ce dernier se sont précisés ces dernières années. Entre 2014 et 2017, les forces kurdes de Turquie, de Syrie, et d’Irak ont participé au conflit Irako-Syrien en luttant contre l’organisation État islamique au nord de la Syrie et de l’Irak. Alliés des pays occidentaux, les projecteurs des médias francophones se sont automatiquement braqués sur les combattants de ce peuple kurde aux valeurs occidentalocompatibles. Véhiculée par des journalistes francophones pris entre le feu de facteurs politiques et économiques, la figure du combattant kurde héroïque a pris de plus en plus d’importance, jusqu’à ce qu’apparaisse un véritable phénomène d’engouement autour de l’image de ce héros. Loin d’avoir été victime de la construction par les médias d’un objet : le héros kurde, les organisations militaires et politiques kurdes ont été des actrices à l'origine de la construction de cet objet. Cette figure héroïque, pensée par les organisations kurdes, a été présentée aux journalistes travaillant sur les territoires kurdes. Pris dans un piège de communication duquel il était difficile de s’extraire, beaucoup de professionnels ont été encore plus tentés de présenter dans leurs productions cette figure qu’ils recherchaient eux-mêmes. Face à ces deux systèmes, les voix journalistiques qui se sont élevées pour proposer des propos plus nuancés n’ont été que peu entendues. Ainsi, ce double processus explique que la figure héroïque du combattant kurde se soit si largement imposée dans nos esprits au fil des dernières années. Les productions médiatiques ont donc accompagné un mouvement général d’héroïsation du combattant kurde, en parallèle d’autres productions.