Article
French
ID: <
10670/1.u72ffe>
Abstract
Le triomphe paradoxal de la petite exploitation rurale au XIXe siècle invite à se pencher sur les mécanismes de sa survie. Les monographies de l'école leplaysienne constituent à cet égard une source certes biaisée par une idéologie conservatrice mais d'une grande richesse. Confronté à d'autres sources, le budget d'une famille rurale du Labourd permet de montrer comment s'articulent production agricole, pluri-activité, insertion dans les marchés et reproduction du groupe domestique. Dans cette exploitation, dont l'activité combine étroitement les travaux domestiques, les cultures, l'élevage et les transports de marchandises, l'économie de l'entreprise se dissocie mal de l'économie domestique. C'est qu'une grande part de la production agricole vise à l'autosubsistance du ménage. Relativement protégée des fluctuations du marché par l'autoconsommation et l'utilisation à peu près exclusive de la main-d'œuvre familiale, l'exploitation est pourtant loin de vivre en autarcie. Elle est insérée dans un système complexe d'échanges qui échappe en partie au circuit monétaire, et elle est largement engagée sur le marché du bétail. La viabilité de l'exploitation, déficitaire et endettée, tient sans doute à sa capacité à assurer au ménage un bon niveau de subsistance et les moyens de tenir son rang. Sa logique relève d'une économie familiale dont les enjeux sont la reproduction du groupe domestique et la transmission d'un patrimoine.