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Critiques de la démocratie parlementaire dans la Russie de la fin du XIXe siècle : Constantin Pétrovitch Pobedonostsev, théoricien de l'autocratie

Abstract

En dépit des réformes dites libérales des années 1860, l’Empire russe resta tout au long du XIXe siècle un empire dont le souverain s’intitulait officiellement : « Tsar et Autocrate de toutes les Russies ». L’autocratie différait fortement de la monarchie française d’Ancien Régime, qu’embarrassaient et que contenaient mille traditions et reliques du passé : droit coutumier et droit romain, vieilles lois de sources diverses toujours en vigueur, privilèges, prérogatives, immunités, franchises, exceptions et exemptions, Église indépendante, etc. Dans le système russe du « césaropapisme », l’empereur faisait également office de souverain pontife de la religion orthodoxe : il en était le « défenseur et gardien ». – En 1881, le tsar Alexandre II fut tué dans un attentat, alors que l’octroi d’une Constitution semblait imminent. Son règne avait été marqué par une série de réformes, dont la plus célèbre (1861) est celle qui avait émancipé les paysans serfs. Constantin Pétrovitch Pobedonostsev (1827-1907), célèbre juriste et homme d’État russe, qui avait été le précepteur des fils d’Alexandre II, va alors devenir le principal représentant d’une politique de contre-réformes, d’une politique refusant que soit faite la moindre concession aux idées libérales. Nommé par Alexandre III procureur du Saint-Synode, il exercera une influence prépondérante en Russie pendant la première partie du règne de ce tsar (c’est-à-dire de 1881 à 1887). Certains de ses écrits, pamphlets ou manifestes ont été réunis dans un Recueil de Moscou, paru en 1896. Nous y verrons Pobedonostsev dénoncer une à une toutes les institutions qui pourraient, si jamais elles étaient importées d’Occident, limiter les prérogatives du tsar autocrate : séparation de l’Église et de l’État ; suffrage universel et discours sur la prétendue souveraineté du peuple; instruction gratuite et obligatoire, impliquant une limitation du travail des enfants; liberté de la presse et invocation constante de l’« opinion publique »; institution (à l’anglaise) de jurys populaires dans les tribunaux. – Mais nous aurons la surprise de trouver également, dans ce même Recueil de Moscou, un catalogue très raisonné des principales « pathologies » qui, selon Pobedonostsev, accompagnent nécessairement un régime de démocratie représentative : corruption des représentants ; combinaisons et tractations incessantes entre les partis; indifférentisme massif et hypertrophie du moi personnel chez les électeurs; omniprésence d’une presse dépourvue de tout mandat électif et parlant cependant au nom du public; etc. Un tel catalogue constitue à n’en pas douter ce que l’œuvre de Pobedonostsev, ce réactionnaire « sur toute la ligne », contient de moins inactuel.

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