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French

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« ISLAM, OPPOSITION POLITIQUE ET MODERNISATION SOCIALE EN EGYPTE »

Abstract

Le profil socio-éducatif du leader en titre de « Tanzîm al Jihâd », la plus révolutionnaire des formations islamistes nées au bord du Nil , illustre d'abord mieux que de longs discours le danger de l'inusable lecture « économiciste » du phénomène islamiste. Chirurgien de formation et marié à une philosophe, Aïman Dhawâhirî est le fils d'un doyen de faculté et d'une professeur d'université. Mais le rappel des ascendants familiaux du leader de l'organisation qui a réussi à assassiner le président Anwar Sadate (avec, déjà, la caution d'un ‘Alim d'Al Azhar du nom d'Omar Abderahmane) souligne plus encore la fragilité du découpage par ailleurs souvent utile entre « les islams » , soufi, azhari ou islamiste. Par son père , Aïman Dhawâhirî est le petit fils d'un ... cheikh d'Al Azhar ( Rab'î Al Dhawâhirî) et par sa mère, (fille d'Abdelwahab Azzam) d'un recteur de l'université du Caire, ambassadeur mais surtout ...cheikh de confrérie soufi. En Egypte comme ailleurs, la catégorie «islamiste » pose ainsi pour décrire les relations entre société, politique et religion un éternel problème de définition. Dans le regard occidental , pas seulement médiatique, elle demeure connotée de façon uniquement négative, ce qui est très loin d'être le cas dans le tissu des sociétés arabes. Elle tend ensuite à conforter l'idée d'une instrumentalisation en politique des ressources de la religion qui serait l'apanage -statique et « an-historique » - des islamistes et les identifierait par rapport à toutes les autres formes de croyance. Dans le cadre figé de leur définition courante, les islamistes sont en effet « ceux qui - parce que les politiques de développement les ont oubliés- instrumentalisent l'Islam pour s'opposer au pouvoir politique établi ». Ils sont réputés le faire sur la base d'une interprétation du message religieux erronée et comme telle antinomique avec la modernisation sociale et la libéralisation politique que les régimes « modernisateurs » et/ou les « intellectuels laïques » s'efforceraient désespérément pour leur part de promouvoir. En Egypte comme ailleurs en terre arabe, le régime tente plus prosaïquement d'établir l'existence d'un Islam « apolitique », c'est à dire surtout « non oppositionnel » qui justifierait son soutien, pour mieux le démarquer d'un Islam « politique », nécessairement « réactionnaire », « intolérant » voire « terroriste » et en tout état de cause « anti-moderne » que les forces du bien, par delà toutes frontières, seraient naturellement invitées à combattre. La représentation médiatique du champ religieux égyptien a donc longtemps mis en scène à peu de choses près les acteurs d'un islam « institutionnel » (université d'Al Azhar, Mufti de la République mais aussi grands « télé-prédicateurs » officiels) dans le rôle de gardiens non oppositionnels sinon « apolitiques » de l'orthodoxie d'un islam tolérant, moderniste aux côtés de confréries soufis elles mêmes aussi « apolitiques » qu' idéologiquement hostiles aux tenants de l'islam « politique» et « réactionnaire » des islamistes etc. L' examen des passerelles multiples, changeantes, souvent inattendues, par lesquelles « les différents Islams » s'inscrivent en réalité dans les dynamiques oppositionnelles mais également dans les dynamiques de modernisation sociale ou politique révèle une réalité plus dynamique et plus complexe, où la stricte séparation entre les Islam institutionnel d'Al Azhar et des confréries et la génération islamiste, longtemps considérée comme le paradigme obligé de l'étude du croisement entre religion et politique, tend irrésistiblement à se résorber.

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