Article
French
ID: <
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Abstract
L’œuvre des jésuites hispano-américains éclairés, résidant en Italie, dévoile un panorama culturel ample et divers, au-delà des grandes signatures telles que Viscardo ou Clavigero. Depuis la péninsule italique du XVIIIème siècle, une littérature mélancolique, mais aussi engagée, devient à long terme l’étendard du patriotisme américain. En condamnant le colonialisme espagnol, les opus prosaïques ou poétiques de ces religieux restituent une image subjective de l’exil jésuitique d’un point de vue instructif et humain. Maîtres d’une vaste culture et d’une grande sensibilité, les écrivains jésuites démontrent la tragédie de ce qu’on a appelé, de façon euphémique, l’extrañamiento, cette migration forcée qui clive la communauté ignatienne en fonction de ses origines espagnoles ou américaines. Même si pour certains historiens, l’expulsion des Jésuites fut beaucoup moins inhumaine et plus “ éclairée ” que celles des juifs et des morisques, il ne faut pas négliger le traumatisme d’un exil qui se manifeste dans les poèmes élégiaques de Velasco ou dans ceux de Landívar. Depuis l’éloignement des faits, une large bibliographie, qui encense les cultures créole et amérindienne, divulgue des sentiments dictés par la douleur, et des réflexions indépendantistes conditionnés par la passion et la nostalgie. Il faudra alors insister sur le caractère protéiforme de ces écrits tout en les restituant à l’intérieur d’une identité religieuse profondément marquée par l’activisme intellectuel.