Abstract
Version sous word avant les corrections de l'éditeur, sauvegardée sous pdf Les fictions, les échanges d'information sont soumis à la contrainte qui conduit à les extraire de leurs cadres culturels pour leur donner une forme qui se veut universelle. Pour autant il est manifestement impossible de neutraliser la matière visuelle dont ces objets se constituent. On peut éclairer sur ce point une dimension apparemment mineure du phénomène et qui est liée à la référentialité de toute narration. C'est ce que se propose de faire cet article. Ainsi les lieux figurés (et tout particulièrement les séquences tournées en extérieur ainsi que les décors intérieurs) et les gestuelles (notamment l'articulation de la langue parlée et les expressions faciales, les postures et les démarches) ne sont pas des scories – ou si l'on veut des variantes secondaires – d'un récit qui constituerait la charpente maîtresse du processus par lequel une fiction étrangère prend corps en territoire étranger. Constituant la part structurellement inexplicitée (du fait de la présence de l'image et du son non linguistique) d'un « produit » culturel qui valorise l'univocité narrative, cette part « non rationalisée » du récit télévisuel est l'objet de domestications si variables, qu'il est difficile de savoir si l'on peut parler d'une même série selon qu'elle est vue à Boston ou à Lyon, à New York ou à Paris, à Québec City ou à Marseille.