Article
French
ID: <
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Abstract
En s’appuyant sur un corpus qui inclut, aux côtés d’un théâtre français plus tardif, le théâtre élisabéthain et celui du Siècle d’Or espagnol, on voit, avec une étrange régularité, un homme qui tombe dans le piège de la ruse. Il peut faire rire et la bourle n’a alors pas d’autre but que de mettre en valeur un naïf ou un ridicule et l’on est dans le registre comique, mais lorsque la victime est un digne représentant du pouvoir, soit au sein de la famille (pater familias), soit au sein de l’Etat, comment entendre la signification d’une ruse a priori si destructrice ? S’agit-il seulement de mettre en valeur l’aspect tragique de l’erreur et est-on certain que la frontière soit si étanche avec le domaine satirique, voire franchement comique ? Est-ce le spectacle des errements de la connaissance qui doit l’emporter ou celui d’un représentant de l’autorité ramené sur le même plan que la victime comique de la farce ? Se pose alors le problème d’une éventuelle connexion ou d’un écart authentique entre la dupe comique et le héros tragique. D’une part, la crédulité est le ressort comique de la dupe ; or, si l’on va du plan métaphysique à la représentation farcesque, est crédule, dans tous les cas, celui qui adhère aux apparences sans les remettre en question. D’autre part, la ruse ne fonctionne que par un abandon aux passions qui enferment la dupe dans ses chimères ; ce qui implique un pessimisme anthropologique. Enfin, le statut social de la dupe peut induire une remise en cause indirecte de l’autorité ainsi bafouée, lorsqu’il s’agit d’un père de famille ou d’un monarque.