Thesis
French
ID: <
2268/139935>
Abstract
Les Indiens Zápara de haute Amazonie sont en train de disparaître de la carte linguistique. C’est un fait. Et pourtant, leur émergence politique en Équateur (mais non encore au Pérou), contribue à les placer sur le devant de la scène indigène internationale. Le plus insolite est que les récits de rêves – comme en témoignent plus spécifiquement ceux narrés ici par deux leaders politiques zápara – deviennent un des éléments clés d’une genèse identitaire retrouvée. En quête de leur patrimoine matériel et immatériel, ces leaders instrumentalisent le champ onirique, y puisant les récits qui orienteront leurs choix dans la reconstruction d’une mémoire collective. Le rêve, truchement d’un processus régrédient, de remontée dans le passé, fournit des éléments d’histoire que les Indiens réinjectent dans le présent pour constituer une nouvelle « tradition ». Dans cet essai seront décrits les mécanismes, les apprentissages et les théories locales concernant les expériences oniriques. Pour être compris, le rêve doit avant tout circuler, et avoir un émetteur comme point de départ. Aussi est-il le mode de relation privilégié entre les personnes humaines et non humaines. Dans la thèse, plusieurs régimes de mémoire seront étudiés à partir des données relevant de la vie onirique, mais aussi de la vie quotidienne, telles que les nouvelles expériences éducatives, ou la production d’artefacts, ceux produits par les ancêtres ou nos contemporains. Elles nous aideront à comprendre ce nouveau processus de « zaparaïsation », qui s’appuie tant sur l’ethnoarchivage que sur une ethnomuséographie, et qui sonne le réveil de l’immatériel.