Cette communication se base sur une recherche menée auprès de femmes victimes de violences sexuelles en contexte conjugal. Des entretiens semi-structurés ont permis de recueillir le récit de ces victimes concernant leur trajectoire de vie, la survenue des violences au sein de leur(s) couple(s) et les dynamiques de violences. En Belgique, la violence entre partenaires est définie comme « un ensemble de comportements, d'actes, d'attitudes, de l’un des partenaires ou ex-partenaires, qui visent à contrôler et dominer l'autre » (Plan d’action national, 2015-2019). Cela comprend les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques, économiques et sexuelles. En Europe, en 2014, 24% de femmes interrogées indiquaient avoir été victimes de violence physique et/ou sexuelle de la part d’un partenaire. Ce n’est donc pas un phénomène négligeable et pourtant peu de recherche se penchent sur l’expérience de la violence sexuelle dans le contexte conjugal. Traiter de cette problématique s’avère difficile en raison de la nature sensible du sujet. Cette forme de violence n'est pas rare mais c'est la plus cachée des violences conjugales. Elle est caractérisée par un chiffre noir très élevé ; selon certains chiffres, 90% des victimes ne se présenteraient pas à la police et un tiers des victimes de violences conjugales seulement rapporteraient avoir été agressées sexuellement. Par culpabilité, honte, peur ou parce que, dans ce contexte, il est parfois difficile de la qualifier. Minimisée, abordée de façon implicite ou considérée comme l’une des expressions de la violence physique, elle est rarement nommée « agression sexuelle » ou « viol conjugal ». Pour certains, la socialisation féminine, renforçant la soumission de la femme dans les relations conjugales, les pousse à accepter des relations sexuelles non désirées et à rationaliser ces épisodes de violences. État de soumission généralement exacerbée par la violence entre partenaires. Et dans un contexte où accepter la relation sexuelle est parfois synonyme de protection, la question du consentement, centrale dans la définition du viol, est d’autant plus complexe. Cette présentation se centrera plus particulièrement sur le statut, le sens et la place accordés aux violences sexuelles par les victimes ainsi que sur leur impact.