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ID: <

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DOI: <

10.3917/socio.001.0095

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Where these data come from
Écrire la rue : de la survie physique à la résistance au stigmate.

Abstract

De nombreux auteurs décrivent plusieurs phases que rencontreraient successivement les personnes qui viennent de se retrouver à la rue : dans un premier temps, elles chercheraient à échapper à leur nouvelle situation, puis commenceraient à s’y adapter, et finiraient par s’y résigner et même à la revendiquer comme un choix. Mais si l’adaptation aux conditions de vie dans la rue est avérée, on peut remettre en question la succession de ces phases et le caractère inéluctable de leur déroulement.Par ailleurs, si on peut faire débuter la période sans domicile au moment de la perte du logement, on peut aussi considérer qu’on devient un sans-domicile lorsqu’on est désigné comme tel par les personnes disposant d’un logement et par les institutions, et qu’on réagit à cette désignation. En effet, les sans-domicile sont souvent vus soit comme des « mauvais pauvres », soit comme des faibles. Ils sont ainsi réduits à leur situation présente, et assimilés les uns aux autres, malgré la diversité de leurs trajectoires et des compétences qu’ils déploient pour assurer leur survie. Résister à la stigmatisation est l’une de ces compétences.Dans son journal en ligne The Panther’s Tale (http://www.lava.net/~panther/tale.html), Albert Vanderburg rend compte presque quotidiennement de sa vie de homeless. Exceptionnel par sa régularité, le journal « de rue » d’Albert, écrit entre 1997 et 2006, s’insère dans une pratique en plein développement au tournant des années 2000. Dans un premier temps, on situe ce journal dans l’ensemble des écrits semblables (journaux intimes en ligne ou non, rédigés par des personnes disposant ou non d’un logement). Puis on combine une analyse textuelle par le logiciel Alceste et une analyse de contenu afin d’étudier, d’une part, l’évolution des thèmes traités par Albert et de sa façon d’en parler ; et, d’autre part, l’utilisation du journal parmi les moyens qu’Albert met en œuvre pour faire face à la stigmatisation dont il fait l’objet en tant que sans-domicile. L’analyse textuelle met en évidence plusieurs mondes lexicaux : ceux associés à la survie physique (se nourrir, dormir, se procurer de l’alcool ou du tabac), dont le vocabulaire indique une posture de témoin, une prise de recul par rapport à ces moments qu’Albert Vanderburg trouve humiliants ; celui de l’amour et de l’amitié, et ceux qui expriment les jugements d’Albert sur l’art et le sens de la vie, où il revendique son droit à vivre sa vie comme il l’entend et à avoir une opinion sur la littérature, la peinture, les événements du monde. Combinée à une analyse de contenu, l’étude de l’évolution de ces thèmes au cours du temps montre une tendance de fond correspondant à l’adaptation à sa nouvelle existence et au relâchement de ses liens antérieurs, mais révèle aussi des remises en question fréquentes de son mode de vie, à la merci des événements fugitifs comme des modifications durables des politiques sociales, de ses ressources ou de sa santé. De plus, la rédaction même de ce journal lui permet de ne pas rester enfermé dans l’image du clochard que lui renvoient les regards des autres, et fait partie des moyens qu’il met en œuvre pour assurer sa survie : non plus sa survie physique, mais sa survie identitaire. Numerous authors describe several phases which would be successively experienced by the persons who have just found themselves homeless: at first, they would try to escape their new situation, then would begin to get used to it, and would eventually resign to it and even claim it as their choice. But if adaptation to the conditions of life on the street is established, we can question the succession of these phases and the inevitable character of their progress.Besides, if we can define the homeless period starting with the loss of housing, we can also consider that one becomes homeless when considered as such by housed people and by institutions, and when one reacts to this designation. Indeed, the homeless are often seen either as “undeserving poor”, or as weak persons. Thus, they are reduced to their present situation, and considered as all of one kind, despite the variety of their trajectories and of the skills they display to assure their survival. Resisting stigmatization is one of these skills.In his on-line diary The Panther's Tale (http://www.lava.net/~panther/tale.html), Albert Vanderburg reports almost daily his homeless life. Exceptional by its regularity, Albert’s “street diary”, written between 1997 and 2006, fits into a practice in full development at the turn of the 2000s. Not being a narrative built ex post to report a past experience in the light of the current situation, it allows to follow almost daily the evolution of his living conditions and of the perception he has of it.First, this diary is put into perspective among similar objects (diaries whether online or not, written by authors who can be homeless or not). Then we combine a textual analysis using the software Alceste and a content analysis to study, on the one hand, the evolution of the themes dealt with by Albert and of the way he writes about them; and, on the other hand, the use of the diary among the means which Albert uses to face the stigmatization of which he is the object as a homeless man.The textual analysis brings to light several lexical worlds: those associated with physical survival (food, sleep, getting alcohol or tobacco), the vocabulary of which indicates a posture of witness, a backwards stance with regard to these moments which Albert finds humiliating; that of love and friendship, and those who express Albert's judgments on art and the meaning of life, where he claims his right to live his life as he wishes and to have an opinion on literature, painting, and the events of the world. Combined to a content analysis, the study of the evolution of these subjects with time shows a long-term tendency corresponding to the adaptation to his new existence and to the slackening of his previous relations, but also the frequently endangering of his lifestyle, at the mercy of fleeting events as well as of long-lasting modifications of social policies, of his resources or his health. Furthermore, the drafting of this diary allows him not to remain trapped into the image of the tramp that other people's opinions send back to him, and is a part of the means which he makes use of to insure his survival: not his physical survival, but the survival of his identity.

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