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Écriture et prophétie en Israël à la fin de l’époque monarchique

Abstract

Les écrits prophétiques de la Bible hébraïque, moins soumis à la relecture et à la censure du rédacteur final que les textes narratifs, législatifs ou historiographiques, nous ont parfois conservé le témoignage étonnant de querelles et/ou de contradictions non résolues au sein du judaïsme ancien. L’un des passages les plus surprenants est sans conteste celui où le prophète Jérémie dénonce la Torah mensongère des scribes (Jérémie 8,8-9). Aucune ruse exégétique ni interprétative des religions établies sur la Bible n’est parvenue à expliquer ni à gommer cette choquante mise en cause de la Loi par l’un des plus importants prophètes. Pour être comprise elle doit, à mon sens, être resituée dans le cadre historique du développement économique, démographique, culturel et politique du royaume de Juda au viie s. avant notre ère, à la suite de la destruction de Samarie et de l’annexion du royaume voisin d’Israël par l’empire assyrien. Un certain nombre de chercheurs et d’archéologues s’accordent aujourd’hui à considérer que c’est cet essor de Juda (en gros, sous les règnes des rois Ézéchias, Manassé et Josias) qui a créé les conditions d’un développement de l’écriture comme instrument d’exercice du pouvoir politique et religieux sur le royaume. En témoigne le fameux récit de la « découverte » d’une loi écrite enfouie dans la cour du Temple sous le règne de Josias (2 Rois 23 passim), loi dans laquelle on reconnaît le noyau initial du Deutéronome et de la Torah. Les prophètes contemporains de ce phénomène de l’essor de l’écrit, et dont les textes sont regroupés sous les noms du Proto-Esaïe et de Jérémie, ont donc été confrontés à l’émergence d’une nouvelle technique de transmission des savoirs, d’exercice du pouvoir et d’affirmation de l’autorité ; cette technique dont ils n’ont pas la maîtrise s’installe très vite en position de concurrence efficace contre leurs propres outils de transmission et d’autorité, fondés sur l’oralité et le spectaculaire métaphorique. Plusieurs passages tirés de ces deux recueils prophétiques attestent le conflit qui se développe alors entre ces deux techniques d’expression, d’interprétation, de compréhension et de transmission de la volonté divine, fondement ultime de tous les pouvoirs religieux et politiques. Ces passages, rares mais instructifs, sont :1. Le miroir d’Esaïe (Esaïe 8,1-4) Où l’on voit le prophète Ésaïe tenter de s’approprier et de détourner les techniques de l’écrit pour en faire un usage métaphorique et symbolique qui s’accorde à la tradition prophétique mais ignorer les qualités propres, la portée et l’usage de l’écrit – toutes choses déjà acquises par la pratique des siècles précédents dans le royaume voisin d’Israël. Une tentative analogue peut être repérée dans l'usage magico-symbolique d’un rouleau envoyé aux exilés de Babylone par Jérémie et noyé dans l'Euphrate après lecture (Jérémie 51,59-64).2. Le rouleau brûlé de Jérémie (Jérémie 36 passim)Où le conflit entre l’autorité de la loi écrite du roi et celle du discours prophétique est symboliquement tranché en faveur de la première par le roi Yoyakim, dans le geste de brûler le rouleau sur lequel ont été transcrites les prophéties de Jérémie au fur et à mesure qu’on lui en faisait la lecture ; et où l’on peut observer que la mise par écrit des prophéties ne diminue ni ne modifie leur caractère essentiellement oral.

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