Article
French
ID: <
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Abstract
Cet article porte sur la production cinématographique cubaine antérieure à la Révolution de 1959 et s’intéresse plus particulièrement aux films, documentaires ou de fiction, ayant évoqué la question de l’esclavage. L’importation à Cuba de main-d’œuvre servile d’origine africaine, plus durable et massive que partout ailleurs en Amérique hispanique, a marqué de son empreinte la littérature nationale à partir du XIXe siècle, mais aussi le cinéma tout au long du XXe. L’analyse du corpus met ainsi en évidence un intérêt précoce pour le sujet, ce qui distingue le cinéma cubain des autres cinématographies du continent, et fait mentir l’idée habituelle selon laquelle l’évocation de l’esclavage n’aurait commencé qu’avec le cinéma révolutionnaire. Il apparaît également que le discours sur l’esclavage véhiculé par les films étudiés ne passe pas toujours sous silence la question de la violence et du racisme, mais tend à la minorer en mettant en avant les apports musicaux et folkloriques africains à la culture cubaine. Par ailleurs, on observe que le cinéma prérévolutionnaire a évacué la question du marronnage et des révoltes d’esclaves, contrairement au cinéma révolutionnaire des années 1970, qui reliera ce phénomène aux luttes anti-impérialistes de son époque.