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Abstract

En 2011 la municipalité et les vignerons d’Arbois, dans le Jura, manifestent le désir de porter une candidature à l’inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité d’une fête vitivinicole annuelle, le Biou. S’en sont suivis, dans le cadre d’une collaboration serrée entre la direction régionale des Affaires culturelles alors de Franche-Comté, une enquête ethnologique, le tournage d’un film, une recherche-action pour élaborer le dossier de candidature, une exposition… un compagnonnage et quelques relations amicales. Le dossier est aujourd’hui déposé à l’Unesco « en attente d’instruction ». Dans cet article, il sera question de certains des résultats de la première phase d’enquête, appuyée sur des temps d’observation de la fête et de ses préparatifs ainsi que sur des entretiens menés auprès de ses acteurs proches, dans un contexte de patrimonialisation producteur d’une réflexivité. Cette enquête s’est donné pour objet les modalités d’attachement au biou par ceux qui le pratiquent. Entre la confection d’une énorme grappe de raisins, elle aussi dénommée biou, faite par l’assemblage de fruits issus des différentes exploitations viticoles du vignoble arboisien et celle d’une couronne réalisée également à partir de raisins, entre une cérémonie religieuse au cours de laquelle le biou est béni et une cérémonie au monument aux morts où la couronne est accrochée et durant laquelle le maire rappelle ceux qui ont participé à faire Arbois et célèbre la République ; entre donc ces deux objets, ce sont des rapports au temps et un collectif qui sont configurés, ou peut-être des temporalités installées et des collectifs construits. Le biou travaille le temps comme il façonne et figure un collectif différencié et complexifié, deux modalités donc d’une qualification patrimoniale ou, autrement dit, deux conditions interrogeant ce qui fait que patrimoine et bien commun peuvent tendre l’un vers l’autre en un moment non-marchand. Loin d’être un spectacle, ce qui peut être un premier sentiment à sa vision, le biou adhère à ce qu’est Arbois. Il relève de ces moments épiphaniques par et dans lesquels un groupe humain se représente à lui-même dans ses tensions – ici le religieux et le civique – et ses capacités à vivre avec celles-ci.

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