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http://hdl.handle.net/2078.1/90383

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Le corps du délit. Les prostituées sous la loupe des experts (Namur, seconde moitié du 18e siècle)

Abstract

Les procès pour prostitution intentés par le Magistrat namurois dans la seconde moitié du 18e siècle (1750-1787) nous font plonger au cœur d’une dialectique genrée particulière, où le corps féminin se retrouve sous le regard inquisiteur d’hommes, praticiens du droit ou de la médecine, qui le scrutent et le détaillent. Sous l’Ancien Régime, l’objectif de cet examen visuel des corps criminels est de prouver le délit en observant sur les criminelles, ravagées par le mal vénérien, fustigées ou marquées au fer rouge, les signes de déviance inscrits dans leur chair. Aussi, loin des préoccupations hygiénistes du 19e siècle, le corps de la prostituée ne semble-t-il faire sens pour les juges des Lumières qu’en tant que témoin essentiel de sa débauche. Lors du bref examen corporel qui clôt régulièrement l’interrogatoire des suspectes, l’œil avisé du lieutenant-mayeur, représentant du souverain, et des deux échevins instructeurs se suffit généralement à lui-même. Les magistrats namurois du 18e siècle connaissent manifestement le corps féminin au point d’interroger avec précision le voisinage des suspectes à la recherche de signes qui ne trompent pas et de faire se dénuder sans pudeur celles qu’ils sont amenés à interroger. Dans certains cas cependant, le recours à un personnel qualifié s’impose. L’officier criminel réclame les services d’un chirurgien pensionné par la ville en vue de ne confirmer toutefois qu’un champ de soupçons strictement limité à la récidive et à la maternité. Pratiquement, il s’agit pour l’expert d’identifier sur le corps de la prostituée les traces d’une condamnation judiciaire antérieure ou d’une grossesse récente non déclarée à la cour. Exceptionnellement néanmoins, lorsque l’expertise demandée renvoie à cette sphère de la maternité, monde de femmes par excellence, la justice du 18e siècle ouvre son discours au savoir féminin, en associant au chirurgien chargé de l’examen une accoucheuse ou sage-femme assermentée. Si les échevins namurois stigmatisent à plusieurs reprises la prostituée par le mal qui la ronge, le traitement des maladies vénériennes ne figure pas parmi les préoccupations politiques du temps. La seule mention de l’examen d’une prostituée par un chirurgien relative au mal vénérien concerne une jeune femme accablée par la maladie que le lieutenant du mayeur souhaite soulager, davantage par charité que par souci sanitaire. À Namur, faute d’institution d’enfermement réservée aux filles ou femmes de débauche, le « traitement » des prostituées infectées prend inévitablement la forme du bannissement. En effet, pour les hommes de l’époque, seule la répression de la prostitution semble pouvoir éradiquer le péril vénérien. Les officiers en poste dans la place forte, désireux d’assainir les régiments infectés, adressent d’ailleurs en priorité leurs requêtes aux hommes de loi de la cité.

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