Article
French
ID: <
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Abstract
Le mémorial L’Œil-qui-pleure a été érigé en hommage aux victimes du conflit armé interne au Pérou (1980-2000). Il est l’œuvre de l’artiste Lika Mutal en coordination avec divers militants des droits humains et s’inscrit dans la continuité du travail effectué par la Commission de la vérité et réconciliation (CVR). L’anniversaire du rapport final de cette commission est d’ailleurs célébré sur ce site chaque 28 août. À partir de plusieurs observations de cette cérémonie, complétées par des entretiens avec l’artiste et de nombreux militants des droits humains, cet article vise à interroger le processus d’ethnicisation des victimes et la manière dont il a orienté un volet essentiel des programmes de réparation symbolique : les commémorations de la guerre. Le passé préhispanique et la « cosmologie andine » ont été mobilisés lors de ces commémorations dans le but de valoriser une catégorie particulière de victimes présentée comme innocente : les paysans quechuaphones des Andes qu’il s’agirait de « réintégrer » à la société nationale. Sont également discutés les effets sociaux et politiques dans le Pérou post-CVR de cette mise en scène de l’ethnicité qui s’appuie sur une cosmologie mystique.