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oai:doaj.org/article:ce8d3737cd144f5ab5c93b2c112f0416

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Les paradoxes des silences de la ville

Abstract

Les silences, quelle que soit leur nature ne s'imposent ni ne se distinguent par eux même aisément. Bien souvent ils exigent, ou suggèrent, des règles que l'on doit s'imposer, un respect, une attention que l'on doit leurs consacrer. En cela s'élaborent les conditions permettant à ces derniers de se révéler et paradoxalement de (se) raconter. Il s'agira dans notre propos de prendre le temps d’observer et de ressentir ces silences urbains, sorte d'absences, en considérant que toute cité possède en son sein nombre de territoires de rebuts, oubliés et rayés des cartes mentales des habitants des villes parce que refoulés des consciences. Aux villes sont inhérentes autant des manifestations visuelles, en creux, telle les absences, la monotonie, le silence plastique, ou qu'en évident relief, ainsi les publicités, les graphismes, les codes de couleurs, la répétition, l’addition. George Sebbag tente de définir la relation qu'un spectateur particulier, qu’il nomme « indifférent », peut développer sur de tels paysages, autour d’un peu ou d’un silence, entre banalité et vide. Cette perception de l’absence, cette présence de l’absence est sans doute la condition d’apparition de l’objet, car, dit-il, l’objet n’apparaît que sur fond de disparition. Cet état de fait semble amener J.F. Lyotard à imaginer l’idée d’un espace-temps neutralisé, qu’il définit comme une situation de "templation", comme l’instant préalable à toute perception conscientisée, intellectualisée, dite, du paysage. Avant toute écriture de la scène, il "confère à la seule poésie la possibilité d’une première approche, elle est l’écriture de l’impossible description, la ‘’DECRITURE". Il y a en fin de compte ce paradoxe : les éléments ruinés, débris ou laissés-pour-compte de l’actualité urbaine, "témoignent d’une histoire qui, à la différence de celle des musées ou des livres, n’a plus de langage. De l’histoire, en effet, ils ont la fonction, qui consiste à ouvrir une profondeur dans le présent, mais ils n’ont plus le contenu qui apprivoise avec du sens l’étrangeté du passé." Les objets inanimés, en retrait de la parole autant que de la ville actuelle, en attente d’attention, persistent comme des images uniques, signifiantes malgré leur silence physique. L’imaginaire de la ville, "ce sont d’abord les choses qui l’épellent. Elles s’imposent. Elles sont là, renfermées en elles-mêmes, forces muettes. Elles ont du caractère, ou mieux, ce sont des caractères sur le théâtre urbain." Rien n’est certes plus impressionnant qu’une cité qui, vibrant de la puissance de ses édifices, de l’orgueil de sa pierre et de son acier, apparaît soudainement désertée de tout fourmillement vivant et brouillon, de ses flux d’existences, de signes et de sens, une totalité muette. La ville théâtralisée et revue selon un ton nouveau possède son propre personnage et ne tolère dans ses représentations aucune autre présence. "Jaloux des interventions humaines, il conserve ses ensembles inhabités." L’architecture et les diverses structures urbaines – gares, ponts d’autoroutes – deviennent les moyens de décliner un univers fantasmé et personnel. La vacuité de ces espaces, réalités oniriquement remodelées, semble cultiver une proximité avec les images du peintre De Chirico dans ce geste déréalisant une modernité silencieuse se suffisant à elle-même. On accède, en traversant ces silences, par les diverses possibilités de lecture - relecture, et par là même de transformation interprétation, à une ville autre, inquiétante autant qu’étrangère et finalement curieusement proche des compositions surréalistes de cet artiste.

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